Conférence sur la souveraineté alimentaire : la filière pomme-poire pose quatre conditions essentielles avant d’engager les débats

À l’aube d’une session décisive autour de la souveraineté alimentaire, la filière pomme-poire, pilier notable de l’agriculture française, met en lumière quatre conditions essentielles incontournables pour des débats fructueux et pertinents. Dans un contexte où production locale et sécurité alimentaire sont au cœur des préoccupations nationales, cette conférence lancée depuis le MIN de Rungis a révélé les enjeux agricoles complexes et les défis auxquels sont confrontés les acteurs du secteur. Il est impératif de considérer non seulement la dimension économique, mais aussi la modernisation des pratiques dans un esprit d’agriculture durable.

La filière pomme-poire appelle à une meilleure connaissance de l’offre en pommes, à l’autorisation de technologies innovantes, à la sécurisation des financements pour les programmes opérationnels, et à un engagement ferme des distributeurs pour soutenir la qualité française face à la concurrence européenne. Ces exigences posent les bases d’un dialogue constructif, condition sine qua non à l’élaboration de politiques alimentaires efficaces répondant à la fois aux attentes des producteurs, des consommateurs et des enjeux environnementaux. Plongeons dans les détails de ces demandes et évaluons leur portée dans le cadre des débats à venir sur la souveraineté alimentaire.

En bref :

  • 🔍 La filière pomme-poire demande d’abord une connaissance précise et fiabilisée de la production française, essentielle pour envisager toute projection.
  • 💧 Elle réclame l’autorisation de l’ozone dans le conditionnement, une technique sanitaire à fort potentiel contre les maladies de conservation.
  • 🌿 L’introduction de nouvelles techniques d’application de produits phytosanitaires est jugée cruciale pour une meilleure efficacité et une réduction des impacts environnementaux.
  • 💶 La sécurisation des programmes opérationnels est mise en avant pour soutenir l’innovation et la modernisation des vergers français.
  • 🍏 Enfin, un appel est lancé à la grande distribution pour un approvisionnement 100 % français dans les compotes sous marques de distributeurs.

Comprendre les enjeux de la filière pomme-poire dans la souveraineté alimentaire française

La filière pomme-poire représente un secteur agricole majeur, au cœur des enjeux relatifs à la souveraineté alimentaire. En 2025, la reconnaissance de la production locale et la maîtrise de son volume se révèlent être un préalable incontournable. Pierre Venteau, directeur de l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP), souligne le flou actuel quant à la véritable capacité productive nationale. Les systèmes actuels, notamment les données du Recensement Général Agricole (RGA) et celles d’Agreste, présentent des divergences notables, rendant difficile toute projection fiable.

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Le RGA inclut des surfaces peu ou pas productives, introduisant un biais de surévaluation, tandis que le recueil effectué par sondage lors de la déclaration PAC ne permet pas une distinction claire entre variétés de pommes (par exemple, table vs à jus) ni un traitement spécifique pour le bio. Ces failles limitent la fiabilité des données indispensables pour façonner des stratégies adaptées.

Pour y remédier, l’ANPP milite pour la mise en place d’un système innovant d’évaluation basé sur l’imagerie satellite et l’intelligence artificielle, capable de « discerner » même les différentes espèces au sein des vergers. Cette technologie présente déjà un bon niveau de précision, bien que son coût, estimé à environ 150 000 euros, freine son adoption. Une autre proposition consiste à rendre obligatoire une information plus précise dans la déclaration PAC, détaillant clairement les cultures.

Ces mesures sont d’autant plus nécessaires que, sans données solides, il est impossible de définir une stratégie cohérente pour l’avenir de ce secteur clé. Par ailleurs, l’enjeu dépasse la simple estimation : il touche à l’optimisation de la sécurité alimentaire par la garantie d’une production suffisante et qualitative.

Dans ce contexte, l’actualité récente des débats agricoles reflète également une dimension bien plus large, qui dépasse les frontières de la pomme-poire. Par exemple, d’autres filières majeures comme la pomme de terre font face à des conflits sociaux liés à des promotions controversées en grande distribution, révélant la complexité des relations entre producteurs et distributeurs, thèmes cruciaux abordés dans la conférence sur la souveraineté alimentaire (lire l’article ici).

Innovation et modernisation : levier indispensable pour une agriculture durable dans la filière pomme-poire

L’un des axes majeurs des quatre conditions posées par l’ANPP concerne l’autorisation et l’intégration de nouvelles technologies capables d’améliorer la gestion des vergers tout en préservant l’environnement. La modernisation des pratiques est synonyme de progrès nécessaire pour pérenniser la production dans un cadre d’agriculture durable.

Un exemple concret est la demande d’autorisation de l’utilisation de l’ozone lors du conditionnement et du stockage des pommes, une solution aujourd’hui interdite en France mais pourtant largement employée à l’étranger. L’ozone agit comme un agent désinfectant très efficace, limitant les maladies de conservation et assurant une meilleure qualité sanitaire des fruits durant leur stockage. Malgré son usage courant depuis plus d’un siècle dans la potabilisation de l’eau ou les piscines publiques françaises, son application dans la filière pomme-poire reste bloquée.

Cette interdiction est d’autant plus étonnante que la France importe quotidiennement des fruits traités à l’ozone, notamment des bananes, pomelos et fruits rouges, ce qui place les producteurs français dans une position concurrentielle désavantageuse. L’adoption de cette technique pourrait aussi réduire les produits phytosanitaires nécessaires, intervenant ainsi en faveur de l’environnement.

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Parallèlement, l’ANPP revendique la mise en place des nouvelles méthodes d’application des produits phytosanitaires, comme le PulVéFix ou la micro-injection dans les arbres. Ces techniques innovantes optimisent la dose appliquée tout en limitant les risques de dérive vers l’environnement, répondant ainsi à la nécessité d’amélioration des traitements phytosanitaires et de respect des normes écologiques.

Le développement de tels outils souligne la volonté d’allier efficacité à une réelle durabilité, essentielle face à l’évolution des attentes sociétales, réglementaires et environnementales. Leur intégration est un levier indispensable pour garantir la vitalité de la filière et son adaptation face aux défis climatiques et sanitaires qui s’intensifient.

Financement et structuration : préserver les programmes opérationnels pour soutenir la filière pomme-poire

Un autre point crucial qui a été soulevé concerne la sécurisation des programmes opérationnels, outils essentiels à la modernisation des vergers et à l’innovation au sein de la filière pomme-poire. Ces programmes, financés notamment par des fonds européens, ont historiquement permis d’introduire des techniques telles que la confusion sexuelle pour la lutte contre les insectes nuisibles, l’irrigation économe, les filets anti-grêle, et la lutte antigel.

Dans la proposition actuelle de la future PAC (Politique Agricole Commune) 2028-2034, il existe cependant une menace réelle sur ces financements. La Commission européenne envisage en effet une nationalisation plus importante de ces aides, transférant une part du financement aux États membres, ce qui se traduirait par un plafonnement des montants alloués. Cette mesure est perçue comme un frein potentiel à la pérennité et à l’efficacité du dispositif.

Pierre Venteau insiste sur le fait que ces programmes opérationnels représentent le seul outil structurant dédié à l’organisation économique pour la filière, indispensable pour accompagner durablement l’investissement des producteurs. Sans leur maintien et un financement stable, la capacité d’adaptation de la filière aux évolutions techniques et environnementales serait gravement compromise.

Voici un tableau synthétique des innovations permises par ces programmes et leur impact sur la filière :

Innovation 🚜Objectif 🎯Impact sur la filière 🍏
Confusion sexuelleRéduction des insecticidesMeilleure protection environnementale et sanitaire
Irrigation économeOptimisation de la ressource en eauDiminution de la consommation d’eau et amélioration du rendement
Filets paragrêleProtection contre les intempériesRéduction des pertes de récoltes et des dommages sur fruits
Lutte antigelPrévention des dégâts climatiquesMaintien de la production en saison froide

La défense de ces programmes auprès des décideurs nationaux s’avère donc vitale pour permettre à la filière pomme-poire de continuer à progresser et garantir sa compétitivité dans un marché européen concurrentiel.

Le rôle fondamental de la grande distribution dans la valorisation de la production locale de pommes et poires

Parmi les conditions essentielles portées par l’ANPP figure un appel clair et ferme aux distributeurs pour qu’ils privilégient un approvisionnement intégralement français dans leurs compotes sous marques de distributeurs (MDD). En effet, si en frais la majorité des variétés commercialisées sont françaises, la situation est tout autre pour les produits transformés.

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La demande croissante pour les produits transformés, notamment les compotes, est dominée par les MDD qui représentent aujourd’hui 46 % des volumes vendus selon les chiffres de Kantar 2024. Pourtant, ces produits sont souvent fabriqués à partir de pommes importées d’Italie, d’Espagne et de Pologne, fragilisant l’équilibre économique des producteurs nationaux.

Cette situation crée un paradoxe où des stocks importants de pommes françaises restent inutilisés en entreposage frigorifique faute de débouchés industriels. Fin octobre, l’ANPP rapportait près de 2000 tonnes de pommes stockées en attente de transformation, un volume quasi identique début novembre, illustrant une saturation inquiétante. La tension est renforcée par les déclarations publiques des distributeurs qui se disent favorables à l’origine française tout en continuant d’approvisionner l’industrie en fruits étrangers.

L’association réclame donc des engagements tangibles des enseignes en amont des négociations annuelles pour garantir un approvisionnement 100 % français, en cohérence avec les objectifs de souveraineté alimentaire et la défense d’une agriculture locale durable. Ce levier est essentiel pour rééquilibrer la chaîne de valeur et renforcer le lien entre production locale et consommation.

Un cadre conditionnel pour des débats objectifs sur la souveraineté alimentaire autour de la filière pomme-poire

En définitive, sans la satisfaction préalable de ces conditions essentielles, la filière pomme-poire estime que la tenue de débats efficaces lors des conférences sur la souveraineté alimentaire s’avèrerait vaine. Ces préalables garantissent un cadre factuel solide, indispensable pour engager des discussions constructives et orientées vers des politiques alimentaires durables, concrètes et adaptées aux réalités du terrain.

Les préoccupations de la filière ne sont pas isolées, mais s’inscrivent dans un effort collectif pour répondre aux grands défis agricoles contemporains. À ce titre, d’autres productions, telles que la pomme de terre, connaissent aussi des tensions identifiées dans des conflits sociaux ou dans des campagnes de promotion controversées, reflétant la nécessité d’une approche globale et cohérente du secteur agroalimentaire (voir analyse pomme de terre).

Ce positionnement souligne une ambition partagée : amplifier et sécuriser la production locale face aux incertitudes extérieures, protéger les agriculteurs et promouvoir un modèle agricole plus résilient, ancré dans l’agriculture durable et la souveraineté alimentaire.

Pourquoi la filière pomme-poire insiste-t-elle sur la connaissance précise de sa production ?

Sans données fiables sur le volume et la nature de la production, il est impossible d’établir des stratégies efficaces pour garantir la souveraineté alimentaire et répondre aux enjeux agricoles. Cette précision est aussi cruciale pour adapter les politiques alimentaires.

Quels sont les avantages de l’utilisation de l’ozone dans la conservation des pommes ?

L’ozone agit comme un désinfectant naturel qui limite la prolifération des maladies durant le stockage, prolongeant la durée de vie des fruits tout en réduisant le recours aux produits chimiques classiques.

En quoi les programmes opérationnels sont-ils essentiels à la filière ?

Ils constituent un levier financier et technique qui a permis la modernisation des vergers et l’adoption d’innovations contribuant à une agriculture plus durable et compétitive.

Pourquoi la filière demande-t-elle un approvisionnement 100 % français pour les compotes sous marque distributeur ?

Cela vise à soutenir les producteurs locaux, éviter la surproduction étrangère qui pénalise les stocks français, et encourager une consommation plus respectueuse de la souveraineté alimentaire.

Comment les nouvelles techniques d’application de produits phytosanitaires impactent-elles l’environnement ?

Ces nouvelles méthodes permettent une application plus ciblée et efficace, réduisant la quantité de produits utilisés et limitant la dérive et la contamination des sols et de l’eau.

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